Entre 2023 et 2024, le Syndicat SIMPLES a porté le projet d’étude de faisabilité pour l’approvisionnement en plantes médicinales, en circuits courts, à l’officine. Célia Despax, pharmacienne titulaire et coordinatrice du projet a pu faire le point sur les motivations, les obstacles potentiels et les leviers d’aide à la vente en circuits courts.
Ce qui n’était qu’une intuition de l’équipe projet – composée de paysans-herboristes et cueilleurs, de pharmaciens, d’enseignants-chercheurs en pharmacognosie, d’une collaboratrice parlementaire engagée dans la filière et d’une employée SIMPLES – s’est avéré exact : il est dès aujourd’hui possible de vendre de plantes aromatiques et médicinales en circuits courts en officines.
Les produits cosmétiques, les compléments alimentaires et les plantes pour infusions (boissons dites hygiéniques, au même titre que les hydrolats par exemple) produits par les paysan·ne·s-herboristes et cueilleur·euse·s, peuvent être commercialisés directement à l’officine, dès lors que l’on respecte la réglementation en vigueur. Pour vous familiariser avec les textes applicables, en tant que professionnel de la culture-cueillette de PPAM ou en tant que professionnel de l’officine, vous pourrez vous appuyer sur deux outils : un mémo pour mieux comprendre ce que l’on peut faire ou ne pas faire en fonction du statut réglementaire du produit à base de plantes, un vademecum plus complet qui reprend les textes de loi.
Interrogés, 97% des professionnels de l’officine se disent intéressés par le circuit court, pour les trois raisons suivantes :
- Le soutien du développement territorial,
- L’amélioration de la traçabilité des plantes,
- La réduction de l’impact carbone de la pharmacie.
Et ce, quel que soit le profil de l’officine (un peu ,beaucoup, passionnément ou pas du tout expertes en phyto et aromathérapie). Réciproquement, 95% des paysan·ne·s-herboristes interrogé·e·s souhaiteraient proposer leurs plantes en pharmacie.
Outre les difficultés liées à l’analyse de la réglementation, le principal obstacle au circuit court réside dans la rencontre, et la création de liens (80% des officinaux interrogés n’avaient jamais rencontré de producteur de plantes médicinales, et inversement plus de la moitié des producteur·ice·s de plantes n’avaient jamais rencontré de professionnel de l’officine).
Aussi, pour aider les paysans-herboristes à partager un peu de leur quotidien et de leurs pratiques avec les officinaux, un court-métrage est mis à votre disposition.
Quelques chiffres en guise de conclusion :
- 200 tonnes de plantes médicinales sont vendues en officine, soit l’équivalent d’un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros
- 70% des volumes et valeurs sont portés par le Bio, qui a progressé de 66% en valeur depuis 2020 dans les officines de France
- 78% des ventes d’infusions en pharmacie concernent des mélanges
- 81% des plantes sont vendues en infusettes (les infusettes étant plutôt l’apanage des industriels, ce chiffre peut être interprété a minima comme le miroir de la place des acteurs industriels dans la vente de plantes pour infusions)
- 51% des officinaux estiment qu’il est nécessaire de connaître l’origine des plantes
- L’origine géographique est un des 3 premiers arguments de vente, après les conseils associés et avant le prix d’achat
- Près de 80% des officinaux n’ont pas toujours accès à l’origine des plantes vendues en infusion en pharmacie
- 28 plantes ont été identifiées comme les meilleures candidates au circuit court dans le rapport CirCouPam
- 72% des ventes de plantes en pharmacies concernent des produits pour lesquels les fabricants ont indiqué au moins une allégation de santé
- Le panier moyen d’un patient consommateur d’infusions se situerait entre 11 et 15€
- Un coefficient médian de 1,648 est appliqué au prix d’achat par les officinaux (TVA 5,5% – source étude CirCouPam)
- En échange de l’assurance d’une qualité et d’une traçabilité correspondant à de l’artisanat français, une hausse de maximum 30% du prix d’achat HT serait à prévoir, en comparaison avec les prix des plantes vendues en sachets par les grossistes dits pharmaceutiques spécialisés en plantes médicinales. Cette hausse du prix d’achat pourrait atteindre les 50% en comparaison des infusettes industrielles distribuées en pharmacies.
Le souhait du syndicat –> se donner les moyens de co-construire un partenariat autour du soin et de la plante médicinale, à la fois pour les patients, les petits producteur.ice.s et les pharmacien.ne.s.
Les prochains défis ?
- Créer dès aujourd’hui de nouveaux débouchés pour nos producteurs locaux
- Créer du lien
- S’organiser pour faire connaître la filière des circuits courts
- Prendre le temps de connaître la réglementation applicable à la vente en pharmacies
- S’approprier les besoins de potentiels nouveaux clients
- Faire (re)connaître la qualité des plantes artisanales françaises.
>Accéder aux notes d’opportunité
>Proposition de lettre d’engagement qualité universelle
Ce projet bénéficie du soutien financier de FranceAgriMer – la responsabilité du ministère chargé de l’agriculture ne saurait être engagée.